chère visiteuse, cher visiteur,

bienvenue chez moi, cependant, les images publiées ici ne sont pas libres de droits.

17 sept. 2005

Varengeville, mon église


J'emprunte la route sinueuse et étroite qu'il me semble connaître depuis toujours.
Elle est bordée par des arbres hauts et des haies épaisses
derrière lesquelles on entr'aperçoit de temps à autre un toit
ou un pan de mur à colombages d'une de ces belles demeures normandes de bord de mer.
Je passe devant l'entrée du parc des Moutiers, là où une princesse a aménagé des jardins luxuriants.
Les rhododendrons n'en peuvent plus de fleurir.
Bientôt j'arrive au bout de la route.
Je la vois, l'église de Varengeville qui domine la mer.
Mon église.
Je suis assaillie par une bouffée d'air mouillé tout empli d'iode et d'embruns marins.
Ca y est, j'y suis dans mon endroit le plus merveilleux du monde.
Maintenant mes pas me guident automatiquement vers la tombe de Georges Braque et son oiseau en céramique.
Instant de paix.
Je continue mon chemin entre les croix en grès jusqu'au bord de l'abîme,
là où l'on découvre la mer à plein horizon, les falaises découpées à la serpe et l'herbe grasse qui ondule.
L'église est à côté de moi, monumentale et grise, je la touche, je la vois, je la respire.
Je vais la contourner pour y entrer.
Je pousse la porte en bois qui grince.
La voûte en forme de coque de bateau retournée est magnifique.
Le silence y est toujours aussi intense.
Les vitraux de Braque font entrer la lumière par l'arbre de vie.
C'est beau à en crever.
Je vais maintenant pouvoir descendre la valleuse qui mène à la mer.
Le chemin est humide et frais.
Il court rapidement vers la falaise.
Je sens la mer plus fort.
Elle est là en bas, qui roule les galets, se fracasse contre les rochers avant d'aller lécher le pied de la falaise.
Le ciel est épais, l'eau est d'émeraude et laiteuse.
Les falaises de craie et d'argile s'étagent en couches ocres et blanches.
Je m'arrête pour contempler ce V qui relie l'eau la terre et le ciel.
La mer est haute, vigoureuse, écumante.
Son bruit monte dans un grondement doucement assourdissant.
Je marche à flanc de falaise pour arriver dans le fond de ce V.
Le vent fouette mon visage, la pluie ruisselle sur mes joues, l'odeur de la mer m'infiltre.
Je glisse sur le mélange de craie et d'argile.
Ca y est je suis en bas.
Au cœur de l'univers.
Là où les éléments se déchaînent.
Et s'unissent.